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“La folklorisation tolérée, La RDC est-elle gérée par une famille politique ou les institutions de la république ?” tribune du prof Kantolomba.

«Discours sur l’état de la nation : L’urgence de defolkloriser un exercice constitutionnel et institutionnel » La société congolaise, passivement, assiste à la folklorisation de l’exercice institutionnel et/ou constitutionnel et ce, à tous les niveaux. Cette pratique prisée et adulée par les politiques congolais est portée par les militants et sympathisants recrutés à chaque occasion solennelle ou non. Il s’agit en fait d’une transposition des activités politiques, généralement agrémentées, à l’exercice institutionnel. Pourtant, ce dernier est scellé de la solennité et du caractère strict, rigoureux et prestigieux. Bref, les pratiques institutionnelles sont réputées « sacrées ».

La folklorisation tolérée, cette autre antivaleur qui ruine le prestige institutionnel.

La République Démocratique du Congo est gangrenée par une folklorisation qui doit interpeler ceux qui sont épris des valeurs républicaines. Il importe de distinguer une activité institutionnelle d’une matinée politique. Dans la plupart des cas, dans notre pays, les deux aspects s’entremêlent ; conséquence : la désacralisation des institutions. Le prestige qui couvre ces dernières s’effrite et s’envole. Le folklore s’est institutionnalisée et métastasée.

Le discours sur l’état de la nation prononcé par le Chef de l’Etat devant les deux chambres réunis en congrès, pour ne citer que cet exemple, est un exercice constitutionnel et institutionnel dans notre pays. Cet exercice est institué par la Constitution de la RDC en son article 77 qui dispose : « Le Président de la République adresse des messages à la nation. Il communique avec les Chambres du Parlement par des messages qu’il lit ou fait lire et qui ne donnent lieu à aucun débat. Il prononce, une fois l’an, devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès, un discours sur l’état de la nation. » Le Président de la République est une Institution et non chef de parti, regroupement ou plateforme politique. Article 68 de la même Constitution dispose : « les institutions de la république sont : 1. Le Président de la République ; 2. Le Parlement ; 3. Le Gouvernement ; 4. Les Cours et Tribunaux ».

L’adresse du Chef de l’Etat à la nation n’est donc pas une matinée politique. La nation n’a pas de couleur politique. Ceci justifie l’homogénéité des congressistes. Ils auditionnent le discours sur l’Etat de la nation comme représentation nationale (Institutionnels) et non comme acteurs politiques (qui suivent le chef du parti). La nécessité de le démêler de tout folklore et incantation militantistes est requise. Il est impérieux de restreindre l’accès à la salle de congrès aux seuls congressistes (Députés nationaux et Sénateurs) ainsi qu’aux invités de marque et spéciaux. Ceci permettra de rester dans le cadre strictement institutionnel non assimilable à une matinée politique d’un parti, regroupement ou plateforme politique. Le folklore apparait sous plusieurs formes dans les institutions et en dilue le caractère sacré et prestigieux.

Quel est alors le rôle des militants des partis politiques dans la salle de congrès ? Quel problème congolais est-il déjà résolu par le folklore institutionnel ? Seuls les congressistes peuvent saluer le discours du Chef de l’Etat par des acclamations ou en exiger la répétition ou la reprise d’une séquence d’autant plus que ce discours n’appelle pas débat. Le prestige de la République passe par la crédibilité de ses institutions.

Honorons et respectons nos institutions. Halte à la désacralisation de nos institutions. Un appel patriotique au changement.

PROF Sylvain KANTOLOMBA, Sociocritique et prospectiviste