Lualaba : Silence sur Kasaji, quand l’oubli devient politique…

Kasaji, la deuxième ville du Lualaba, ne brille plus que dans les archives administratives. Sur le terrain, elle n’est qu’un point effacé sur la carte du développement. Nichée au cœur d’une province gorgée de cuivre et de cobalt, cette ville jadis pleine de promesses est aujourd’hui l’illustration criante d’une amnésie institutionnalisée.

La Deuxième ville de la province du Lualaba, mais première en oubli. Une perle rare, soigneusement négligée, comme si son isolement était une œuvre d’art nationale. La ville de Kasaji offre un contraste spectaculaire : richesse sous la terre, pauvreté à ciel ouvert.

Pas de stade. Pas de terrain digne. Rien qu’un champ de poussière nommé IKUKU, à la merci des vents et du temps. Ce supposé terrain de football est devenu le théâtre d’un abandon spectaculaire : filets rafistolés avec des ficelles, poteaux branlants, buts transformés en passoires. Chaque match devient un champ de tension, où disputes et bagarres s’invitent faute d’infrastructures claires.

Le décor est sinistre : aucune tribune, pas même un banc. Le hangar qui servait autrefois d’abri aux officiels n’est plus qu’un souvenir effondré. Quant à l’aire de jeu, elle a été confisquée par les piétons et les motocyclistes, devenue passage plutôt que terrain de sport. Pelouse ? Marquage au sol ? Inexistants.

Depuis le début de la législature, silence total du côté des élus du Territoire de Dilolo et du ministère de la Jeunesse, des Sports, de la Culture et des Arts. Aucun déplacement, aucune visite, aucun projet. La jeunesse de Kasaji, avide de compétition, de rêve et d’avenir, reste enfermée dans une cage de poussière et de désillusion.

Quant à l’autorité provinciale, elle garde le cap : un passage éclair durant la campagne présidentielle, puis plus rien.

Mais l’abandon ne s’arrête pas aux terrains de sport. La ville n’a jamais vu la moindre trace d’asphalte ; pas une goutte d’eau potable n’a été apportée par le gouvernement. La population continue de puiser son eau aux mêmes sources Kayisala, Dublanc et Mwini Panda depuis des générations. Dans des écoles comme Mapendo, les élèves s’assoient à même le sol pour apprendre. Aucune brique d’espoir ne semble posée. Kasaji est plongée dans le noir depuis plus de quatre ans, sans électricité, sans promesse. Même sur le site de la SNEL, pas un gardien, pas un souffle : le désert.

La Route Nationale n°39, censée relier Kolwezi à Kasaji, n’existe que sur le papier. Une route fantôme, comme les projets qui devraient la suivre.

Pascal MULAND

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