Le budget provincial pour l’exercice 2025, adopté en décembre dernier par l’Assemblée provinciale du Lualaba, suscite de vives interrogations et inquiétudes sur la gouvernance. Selon le Professeur Sylvain Kantolomba, Expert en Passation des Marchés publics, sociocritique et analyste, ce premier budget du quinquennat Masuka semble compromettre l’avenir de la province en exposant ses ressources au Gaspillage.
Des projets sectoriels affectés au Gouvernorat
Le professeur Sylvain Kantolomba dénonce une série d’irrégularités dans l’affectation des crédits budgétaires. En tête des griefs, il pointe l’affectation des projets sectoriels au Gouvernorat, en violation des lois en vigueur sur la libre administration des provinces et les marchés publics.
« Le gouvernorat n’est pas un ministère sectoriel. Pourquoi y loger des projets sectoriels ? Cela rend le gouverneur, une autorité contractante, responsabilité qui devraient relever du ministère sectoriel. »
L’Expert craint une possible confusion dans la responsabilité politique : Qui répondra du projet devant l’Organe délibérant, le Gouverneur ou le ministre sectoriel ?
Projets hors du plan quinquennal
Plusieurs projets figurant dans le budget 2025 ne sont pas repris dans le Plan quinquennal de développement provincial 2024-2028, pourtant sensé servir de feuille de route. Parmi ces projets :
- Construction du second bâtiment de l’Assemblée provinciale du Lualaba: 9 millions USD
- • By-pass Ouest (Kamoa-Luilu) : 98 millions USD
- • By-pass Fungurume : 120 millions USD
- • Clôture du quartier RVA : 8 millions USD
- • Centre financier de Katebi : 12 millions USD
Selon le professeur Sylvain Kantolomba, ces ajouts non seulement narguent les Elus et remettent en question la cohérence des priorités provinciales et révèlent un attrait curieux aux projets juteux plutôt que pour des initiatives répondant aux besoins fondamentaux de Lualabais.
Des projets jugés inopportuns
Les défis du Lualaba sont nombreux : accès à l’eau potable, électricité, soins de santé, éducation, infrastructures de base. Pourtant, près de 1,5 milliard USD, soit la moitié du coût total du Plan quinquennal, est alloué à des projets jugés inopportuns et non pertinents, comme :
- L’échangeur de Mwangeji : près de 114 millions USD (contre 28 millions pour celui de l’aéroport. Projets sans retour à l’investissement)
- • La route Nsanka-Dilolo 399 : 980 millions USD. Une route parallèle àla RN39 (alors que la RN39 KZI-DO coûterait entre 500 et 600 millions de dollars américains.)
- Construction du mur de clôture du Quartier RVA 8 millions de dollars américains
- Construction d’un Centre à Katebi et routes d’accès 32 millions de dollars américains (alors que nous avons déjà le Centre de négoce)
« La province est jeune et fait face à des défis énormes. Il est incompréhensible de privilégier des infrastructures coûteuses et inopportuns au détriment des besoins urgents des Lualabais.»
Surfacturations et incohérences
Sylvain Kantolomba n’hésite pas à pointer des cas de surfacturation :
- Boulevard Lumumba (1,35 km) : 5,9 millions USD
- • Élargissement du boulevard ISTM (5 km) : 11,9 millions USD
- • Route Kiamanzaka-Metalkol (8 km) : 22,4 millions USD
Selon lui, ces chiffres témoignent d’une gestion hasardeuse des ressources provinciales.
Un appel à la responsabilité
Pour ce socio-critique et Expert en passation des Marchés publics, les redevances minières, bien que lucratives, ne sont pas infinies. Il appelle les autorités à utiliser ces ressources pour bâtir une économie durable et répondre aux attentes des Lualabais.
« Que sera la province sans ses ressources minières ? Il est impératif d’affecter les recettes à des projets structurants et de proscrire toute gestion hasardeuse. L’avenir se bâtit aujourd’hui. »
Alors que l’Assemblée provinciale a zappé son rôle d’autorité budgétaire en avalisant ces choix controversés, une question reste en suspens : le budget 2025 est-il une opportunité manquée pour le Lualaba ?
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