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Comme Nangaa, Lamuka dénonce le tribalisme électoral en RDC

Que cacheraient les mises en place à forte coloration tribale de toute la chaîne de commandement du processus électoral en République démocratique du Congo ? La coalition Lamuka affirme qu’elle ne va pas se laisser piétiner.

Le professeur Devos Kitoko, secrétaire général de l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ÉCiDé) de Martin Fayulu Madidi est monté au créneau pour dénoncer la tribalisation à outrance du système électoral congolais.

Egalement en première ligne, Jean-Baptiste Kasekwa, député Lamuka soutient que pour ne pas donner à la CENI le prétexte que l’exigence de l’audit du fichier électoral entraînerait un glissement des élections au-delà du délai requis, la CENI devrait poursuivre l’exécution de toutes les opérations telles que prévues à son calendrier concomitamment avec les opérations d’audit du fichier qui est un impératif non négociable.

« Kadima a dit qu’il allait demandait avis de la plénière à ce sujet. En attendant, Lamuka va déposer les dossiers de ses candidats à la députation nationale. Les frais de caution exigés pour ce faire ont été libérés », a confirmé Kasekwa. Au cas où la CENI va jouer au dilatoire pour retarder la réponse de sa plénière ou réserver une réponse négative à leur exigence de l’audit du fichier électoral, Martin Fayulu et Lamuka prendront la nation à témoin et auront une preuve supplémentaire que « la CENI a des choses à cacher ». Dans ce cas, dit-il, le devoir constitutionnel prévu à l’article 64 devra s’imposer pour empêcher la tenue d’une parodie électorale.

Toute la chaîne de commandement électoral tribalisée

Au cours d’une émission télévisée mardi à Kinshasa, le professeur Devos Kitoko décrit que “quand on parle élections en République démocratique du Congo, de manière générale, il convient de prendre en compte trois chaînes de commandement organisationnelles du cycle. Il évoque premièrement la chaîne de commandement des opérations électorales qui gère l’enrôlement, le vote, le dépouillement jusqu’à la proclamation des résultats provisoires et définitifs. Cette chaîne de commandement, souligne-t-il”, est pilotée par le président de la CENI et le président de la Cour constitutionnelle. Deuxième chaîne de commandement, c’est le financement des élections. Ceci dépend bien-entendu du gouvernement, mais exécuté sous l’autorité du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque centrale du Congo. Et troisième chaîne enfin, c’est le commandement de la sécurisation du processus électoral englobant le ministère de l’Intérieur qui gère la police de sécurisation des élections et le ministère de la Justice pour veiller notamment à la gestion des contentieux électoraux.

« Aujourd’hui, la première chaîne de commandement des opérations électorales est dirigée par Kadima à la CENI et Kamuleta à la Cour constitutionnelle, deux personnes issues d’une même tribu. Au niveau du financement des élections, vous avez Kazadi au ministère des Finances et Kabedi à la Banque centrale du Congo, de même tribu. Au niveau de la sécurisation des élections, vous avez Kazadi au ministère de l’Intérieur et Mutombo au ministère de la Justice. Encore de même tribu », a démontré le secrétaire général de l’Écidé.

Le fichier électoral n’est pas un secret d’un pouvoir coutumier pour être réservé à la seule responsabilité d’un petit cercle ethniquement sélectionné, a dénoncé le député Kasekwa tout en demandant ce que cacherait réellement l’Union sacrée en refusant l’audit indépendant du fichier électoral et en confiant les trois chaînes de la gestion du processus électoral entre les mains des personnalités issues d’une seule tribu.

Nangaa avait déjà épinglé la difformité

Dans son message à la nation congolaise rendu public le 28 juin en marge de la journée de l’indépendance le 30 juin 2023, Corneille Nangaa Yobeluo, président de l’Action pour la dignité du Congo et de son peuple (ADCP) avait relevé la dominance d’un climat pré-électoral inquiétant avec le retour en force du concept de la « vérité des urnes ». Concept réveillé le 26 juin dernier par la ministre d’Etat, Ève Bazaiba qui, malgré sa présence dans le gouvernement Sama Lukonde I et II, a affirmé que le vainqueur de la dernière présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) est bien l’opposant Martin Fayulu Madidi et non Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. C’est dans ces entrefaites que Corneille Nangaa a invité les Congolais à pénétrer l’anamnèse de la « vérité globale du processus électoral ». Car, déjà jugé non fiable et effronté, le processus électoral en cours est « un cocktail d’agrégats incomestibles », a martelé l’ancien président de la CENI.Dans son argumentaire, il a évoqué spécifiquement une cartographie électorale et des statistiques des électeurs échafaudées, captieuses, désadaptées et inauthentiques ; le tout assis sur “une administration dont la composition de l’équipe dirigeante est estampillée irrégulière, contestée et monocolore, en sus d’être truffée de faux représentants de l’opposition”, en violation des dispositions pertinentes de l’article 10 de la loi portant organisation et fonctionnement de la CENI, déterminant la composition de celle-ci entre les forces politiques représentées au sein de l’Assemblée nationale.Ainsi, Nangaa explique la genèse de la fracture sociale en République démocratique du Congo partie, d’une part, de la violation de la Constitution et du non-respect des engagements souscrits et, d’autre part, du « torpillage de la majorité parlementaire issue des urnes en 2018 », pour instaurer une majorité mécanique mettant en place une académie politique incongrue et tête-bêche. C’est ainsi que le président de l’ADCP dénonce « la tribalisation à outrance des institutions, des services et entités à tous les niveaux ».

Ce qui finit par faire de la République démocratique du Congo un État aux fondements bancals dont la marche est orientée vers un même espace géographique, a-t-il réprouvé. Corneille Nangaa fait remarquer que l’architecture électorale est charpentée d’un système institutionnel tribalisé des élections en RDC :« Le président de la République, en tant que garant du bon fonctionnement des institutions ; le président de la CENI, en tant que chef de l’organe de gestion des élections ; le président de la Cour constitutionnelle et président du Conseil supérieur de la magistrature, lequel a en charge la gestion du contentieux électoral ; le vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, qui gère la sécurisation du processus électoral; la ministre de la Justice, qui fait le suivi du bon fonctionnement des institutions judiciaires impliquées dans les questions électorales ; le ministre des Finances, qui joue un rôle important dans le financement des élections ; le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique, dont le secteur assure la disponibilité des salles de classes pour abriter les centres d’inscription, les centres de vote et les bureaux de vote et de dépouillement, la gouverneure de la Banque centrale, qui assure le décaissement des fonds destinés aux élections ».

A haute voix, Nangaa rappelle que tous les animateurs de cette composition électorale sont ressortissants d’un même espace géographique. Ce qui contribue gravement, dit-il, à éroder la confiance dans le processus électoral.

Landry Amisi OURAGAN