Presque partout en RDC la desserte en électricité devient de plus en plus chaotique. La province du Lualaba n’en est pas épargnée et c’est presque partout que l’on se plaint de ce problème. Pour certains, la société nationale d’électricité n’est plus en mesure d’assurer cette desserte d’où il fallait libéraliser le secteur afin de permettre à la population d’avoir accès à l’électricité au jour le jour. Comment est la desserte de l’électricité dans la province du lualaba, aigleinfos.com vous fait vivre le chemin de la croix que traverse la population.
La desserte en électricité est l’un des nombreux paradoxes de la RDC. Pourtant, selon la Banque mondiale, si l’électrification se poursuit au rythme de ces 10 dernières années, 80% de la population vivra toujours sans accès au réseau électrique d’ici 2030.
En République démocratique du Congo, la desserte en électricité devient de plus en plus hypothétique. Lorsque l’on parcourt différentes contrées de plusieurs ville de ce pays, le constat est clair; dans certains quartiers, l’électricité est un luxe. Mais la triste réalité est que le pays dispose d’un potentiel hydroélectrique énorme, et figure parmi les 5 plus importants au monde, avec un potentiel estimé à 100 mégawatts.
La desserte en électricité au Lualaba
Dans le Lualaba, la situation est pire que partout au pays. Malgré la présence des centrales hydroélectriques de nzilo et de Inga dans cette partie du pays, la population n’est presque plus desservie en électricité. Ici c’est chaque jour que des plaintes sont enregistrées et la société nationale d’électricité semble être impuissante pour soulager ce mal. Dans les grandes villes de la province, la situation est plus compliquée vu la densité de la population. Chaque jour qui passe, les abonnés de la société nationale d’électricité observent des coupures d’électricité, et à chaque fois qu’une panne arrive il faut se cotiser pour résoudre le problème ; une situation qui est décriée par plus d’une personne qui estiment que la SNEL n’est plus en mesure d’assurer la desserte en électricité.
Alors palier ce problème devient une priorité pour certains particuliers qui ont opté pour l’usage des panneaux solaires et ne pas dépendre du réseau de la société publique. Pour certains d’autres qui croient encore que la situation pourrait changer un jour, l’option de la libéralisation du secteur serait salutaire. Mais il craignent les conséquences sur la facturation qui pourrait être salée car la population vit déjà misérablement. Avec l’arrivée de la centrale hydroélectrique de busanga l’espoir renaît, et l’on pourrait croire que cela permettrait de résoudre une bonne partie de l’équation car busanga a pour but d’alimentater l’usine de la sino congolaise des mines SICOMINES sa. Et le résidu de sa puissance aura pour destination le réseau de la SNEL.
Kolwezi, capitale de l’enfer
A Kolwezi dans la province du Lualaba, Les habitants de cette ville minière située non loin du légendaire barrage de Nzilo, vivent au jour le jour sans courant électrique, et d’autres assistent à des coupures à longueur des journées. Ici c’est chaque jour que des plaintes sont enregistrées auxquelles la société nationale d’électricité SNEL et le gouvernement provincial semblent impuissants.
De nos jours, la ville de Kolwezi ne cesse de s’élargir et le nombre des ménages à desservir devient de plus en plus croissant et le réseau SNEL reste presque statistique. Pour les nouveaux lotissements, tous les moyens sont bons pour avoir le courant électrique. Des particuliers mettent sur pied un business ; la desserte en électricité à l’aide des dynamo. Pour avoir droit à l’électricité, il faut tout d’abord un abonnement puis payer une facture qui varie de 1000fc à 2000fc par jour et par abonné. C’est comme explique ici Gédéon tshamba propriétaire d’un dynamo vivant au quartier hewa bora.
« Je me suis procuré de cette machine et ça fait plus de 2 ans que je l’ai installé ici. Aujourd’hui j’ai plus de 200 abonnés et pour avoir accès à l’électricité il faut tout d’abord payer 15 000fc et après souscription, il faut s’engager à payer 1 500fc par jour. La machine doit fonctionner et il nous faut du carburant. Et au delà de tout ça, il faut l’entretien et le dépannage en cas de panne. » A-t-il expliqué et de poursuivre ; “La desserte en électricité se fait chaque jour de 17h à 23h. On ne saura pas faire fonctionner la machine 24h sur 24 car l’amortissement sera accéléré et on ne saura pas vu que le carburant est tellement cher. Pour toute une journée de 24h il nous faudra au moins trois bidons de vingt litres et c’est vraiment énorme comme dépenses.«
Pour ceux qui veulent être raccordé au réseau de la SNEL, il faut faire recours à une autre méthode; se cotiser pour acquérir des poteaux électriques ainsi que des câbles. La société publique la SNEL, ne sera là que pour le raccordement et exiger le payement des factures. C’est ainsi que se plaint ce résident du quartier Golf ISTM, que nous avons rencontré accompagné des membres de son comité. Ils font du porte à porte pour collecter les fonds.
» Pour l’instant l’on ne comprends plus rien. La ville de Kolwezi est en pleine expansion et là nous vivons ici au quartier golf ISTM sans électricité. Nous avons fait tout pour avoir le courant mais on nous dira par la SNEL qu’elle n’a pas des moyens financiers ni encore des matériels pour nous permettre d’avoir accès à l’électricité. Elle nous a donné une seule option qui est celle de nous prendre en charge. C’est-à-dire acheter les poteaux et les câbles et c’est alors que la société pourra nous raccorder au réseau… Et c’est ce que nous faisons pour le moment« . S’est-il plaint.
C’est pas seulement les nouveaux lotissements qui sont obligés d’opérer de la sorte. Même les quartiers déjà desservis en électricité connaissent eux aussi cette chanson. A chaque fois qu’il y a panne, il faut s’organiser et user du même exercice; collecter des fonds, et résoudre le problème. L’exemple est celui du quartier Moïse tshombe où les avenues Sokele, Mbembe et Munanga connaissent une panne électrique depuis plus de deux ans déjà. Les résidents se cotisent pour régler le problème, qui pour eux a duré plus d’un siècle. Ils veulent voir encore de la lumière dans leurs ménages qui sont éclairés par les lampes torches depuis plus de deux années.
Patrick ndala habite ce coin de la ville. « C’est compliqué, si nous devons attendre la solution de la SNEL, la vérité est qu’elle ne viendra jamais. Alors le mieux est de nous prendre en charge nous mêmes ! ». A-t-il dit.
Pour certains qui vivent dans des quartiers un peu privilégiés, le courant est presque stable. Ils ont accès à l’électricité presque chaque jour, mais des coupures intempestives dont les causes jusque là inconnues sont au rendez-vous. La société publique ne donne aucune raison à ses abonnés avant, moins encore après chaque coupure et cela est normal pour les abonnés qui en ont l’habitude. Ils sont conscients qu’à tout instant une coupure du courant électrique peut intervenir. Et malgré touts ces aléas, ils sont obligés de regler des factures électriques chaque mois; des factures forfaitaires en plus.
Le quotidien des petits commerçants
Pour les personnes qui exercent des petits commerces qui dépendent du courant électrique, il faut songer à des solutions d’urgence. Beaucoup sont ceux qui ne font plus confiance en cette société. C’est le cas de Patrick qui exerce dans la coiffure. Pour lui le courant électrique n’existe presque plus à son lieu de travail. Alors il est obligé de faire recours à un groupe électrogène et des panneaux solaires.
« Ça fait des années que je suis dans le secteur de la coiffure et à chaque année qui passe je connais de plus en plus un sérieux problème lié à l’électricité. Bien-sûr que je suis abonné à la société nationale d’électricité SNEL. Mais c’est chaque jour que je connais des coupures intempestives et cela dérange trop. Les clients se plaignent souvent c’est pourquoi j’ai pris l’initiative de faire recours à ce groupe électrogène et parfois j’utilise les panneaux que vous voyez là« . A-t-il dit plein de regrets car selon lui, le groupe électrogène est un manque à gagner. Il doit payer à 3 500fc le litre de l’essence, déjà que son business n’est plus rentable comme dans le passé s’est-il confié.
« Vous savez, lorsque je travaille avec ce groupe électrogène, c’est comme qui dirait travailler juste pour payer le carburant alors que j’ai un loyer qui m’attend et ma famille doit être logé et nourrit. C’est vraiment très dure. » A-t-il ajouté.
A quelques kilomètres de là nous rencontrons Sylvie dans sa boucherie. La jeûne femme de 34 ans est débordée. Plus d’une dizaine de clients attendent d’être servi.
« C’est presque chaque jour que la demande en vivre frais ne cesse de grimper. Depuis que j’ai lancé la boucherie il y’a de cela deux mois seulement mais les clients viennent en nombre surtout pour les vivres frais. Au début j’avais connu un problème très sérieux avec le courant électrique et j’avais perdu presque deux tiers de mes marchandises qui étaient pourries par manque du courant mais depuis que j’ai eu cette leçon, là je travaille toujours avec un générateur en réserve juste au cas où. Mais il m’arrive de travailler pendant des jours sans électricité. »
La réaction de la SNEL du côté de la société nationale d’électricité en province, le problème est déjà connu et on y travaille. C’est la réponse que donne les responsables à chaque fois qu’ils sont interrogés sur la question. Mais pour l’instant, une seule phrase est pendue à leurs langues ; la société souffre d’un sérieux problème de surcharge et ne dispose pas des moyens nécessaires pour son bon fonctionnement.
Alors la question qui reste pendante, est celle de savoir quelle serait la destination de l’argent perçu par la société, car cette dernière va jusqu’à vendre son énergie aux grandes entreprises de la place. A cette question personne ne répond, et touts les yeux sont tournés vers Kinshasa. Personne ne sait jusqu’à quand va perdurer cette équation ni les responsables de la SNEL, moins encore le gouvernement en province.
Les efforts du gouvernement provincial
Sur terrain rien de concret ne se fait pour palier cette situation, que des promesses. Le ministre provincial de tutelle, Pitshou Nday “n’est visible qu’au moment de l’installation ou d’entretien de l’éclairage public à kolwezi” selon certaines sources sur place.
Des solutions du gouvernement central qui ne viennent jamais
Pour venir à bout de ce paradoxe, la RDC avait voté en 2014 la libéralisation du secteur, mais elle n’a été que très partiellement mise en œuvre, ce qui a dissuadé les investisseurs. La réforme prévoyait notamment la création d’une agence de régulation et d’une autre pour l’électrification rurale, toujours inexistantes. Tout comme les mesures fiscales incitatives annoncées à l’époque.
Ruffin Monga aigleinfos.com
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